Traitement du diabète de type 1: où en sommes-nous?

Les chercheurs travaillent d'arrache-pied pour tester de nouvelles technologies et de nouvelles voies qui nous rapprochent de plus en plus d'un remède pour le diabète de type 1 [1].
Dans cet article, nous passons en revue les dernières pistes étudiées pour guérir le diabète de type 1, les découvertes réalisées, les bénéfices potentiels, les risques et les dèfis.
Existe-t-il un remède pour le diabète de type 1 ?
Au cours des 25 dernières années, de multiples progrès ont été réalisés sur le plan des technologies liées au traitement du diabète et de la santé des patients. Toutefois, aucun traitement curatif n’a encore été découvert pour guérir le diabète de type 1 [2].
Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune. Cela signifie que le système immunitaire attaque ses propres cellules saines [3]. Plus précisément, chez les personnes atteintes de diabète de type 1, le système immunitaire attaque les cellules bêta, les cellules du pancréas qui produisent l’insuline [3, 4]. L’absence d’insuline en quantité suffisante altère les taux de glucose dans le sang, ce qui entraîne des complications à court et à long terme pour la santé [3]. Le diabète de type 1 est également appelé diabète insulinodépendant, car les personnes qui en sont atteintes dépendent de l’administration d’insuline pour maintenir leur glycémie dans la plage cible [3].
Au cours des 25 dernières années, des progrès considérables ont été réalisés pour améliorer la vie des personnes vivant avec cette maladie [2]. Les diabétiques vivent plus longtemps et développent moins de complications, et les technologies avancées facilitent la gestion de la maladie [2].
Pourtant, il n’existe toujours pas de remède [2]. Pour prévenir les complications, les personnes atteintes d’un diabète de type 1 doivent comprendre comment s’administrer leur dose d’insuline et quel traitement leur convient le mieux, mais aussi compter les glucides, lire les étiquettes des aliments et accepter d’être liés à l’insuline pour le restant de leur vie [4].
Recherche d’un traitement curatif pour guérir le diabète de type 1
Une large partie de la recherche sur un potentiel remède du diabète de type 1 porte sur les cellules bêta et les îlots de Langerhans, des groupes de cellules bêta présents dans le pancréas [1]. En effet, le diabète de type 1 détruit progressivement toutes les cellules bêta productrices d’insuline, entraînant au final un déficit total en insuline [4].
Ainsi, un remède pour le diabète de type 1 devrait remplir les conditions suivantes [1, 5] :
- Empêcher le système immunitaire d’attaquer ses propres cellules
- Préserver les cellules bêta
- Remplacer ou régénérer les cellules bêta perdues
- L'objectif est que les personnes diabétiques n'aient plus besoin d'insuline pour réguler leur glycémie. [4]
Remèdes possibles pour le diabète de type 1 : domaines de recherche
Les principaux domaines de recherche pour trouver un remède au diabète de type 1 sont les suivants [1, 5] :
- Traitement par cellules souches
- Traitement par encapsulation
- Recherche sur la régénération
- Immunothérapie
Examinons de plus près ces domaines de recherche majeurs.
Traitement par cellules souches
Certains experts affirment que le traitement par cellules souches « représente l’approche la plus avancée pour guérir le diabète de type 1 » [3]. Les chercheurs utilisent des cellules souches pour créer des cellules bêta productrices d’insuline en laboratoire, puis les transplantent pour remplacer les cellules endommagées ou des îlots entiers [3, 5].
Plusieurs études chez l’animal et certaines chez l’humain indiquent que le traitement par cellules souches pourrait potentiellement contribuer à réguler les taux de glucose dans le sang, à restaurer la fonction des cellules bêta, à réduire le besoin d’insuline au quotidien et à diminuer le nombre d’épisodes d’hypoglycémie [2, 3, 6].
Dans un essai clinique de phase 1/2 actuellement en cours portant sur un traitement dérivé de cellules souches, deux patients sont même parvenus à atteindre de meilleurs taux de glucose sanguin et à réduire leurs besoins en insuline, ce qui signifie qu’ils n’ont plus besoin d’autant d’injections d’insuline [6]. Mais ces résultats sont encore expérimentaux et des recherches supplémentaires sont nécessaires.
Cependant, ce traitement implique l’utilisation continue d’immunosuppresseurs pour veiller à ce que le système immunitaire du patient ne rejette pas les cellules bêta greffées [5, 6]. Or, les immunosuppresseurs sont associés à différents effets secondaires et augmentent le risque de développer d’autres problèmes de santé [1, 2].
En outre, de nombreuses inconnues subsistent quant aux effets à long terme du traitement par cellules souches sur les personnes [3]. Des obstacles techniques doivent encore être surmontés et des questions doivent être résolues concernant l’utilisation du traitement par cellules souches chez l’homme. En effet, la plupart des résultats positifs proviennent de la recherche sur l’animal et ont été difficiles à reproduire dans les études chez l’humain [2, 3].
Pour en savoir plus sur le potentiel de guérison du diabète de type 1 avec le traitement par cellules souches, ainsi que sur les risques et les défis associés, lisez notre article consacré au traitement du diabète à l’aide de cellules souches.
Traitement par encapsulation
Le traitement par encapsulation, ou traitement par encapsulation des îlots de Langerhans, consiste à utiliser un dispositif qui encapsule les cellules bêta greffées, en les enveloppant d’une couche protectrice avant de les introduire dans l’organisme pour les protéger des attaques du système immunitaire [1, 3, 7].
Cette technologie peut être utilisée pour la transplantation d’îlots de Langerhans, et vise à améliorer la survie et la fonction des cellules bêta dérivées de cellules souches [3, 6]. Des études ont montré que les îlots encapsulés survivent et fonctionnent plus longtemps, et sont davantage biocompatibles (compatibles avec les tissus vivants) que les îlots non encapsulés [3].
Les capsules peuvent être composées d’alginate [3, 7]. L’alginate est un matériau « biologiquement inerte », si bien que le système immunitaire ne le « voit » pas et ne l’attaque pas [7]. C’est pourquoi la technique d’encapsulation pourrait théoriquement éliminer la nécessité de recourir aux immunosuppresseurs [3, 4, 5, 6].
L’un des enjeux majeurs de cette technologie est de s’assurer que les cellules encapsulées continuent à recevoir suffisamment d’oxygène en provenance de la circulation sanguine après la greffe [3, 4]. Faute d’oxygène, les cellules bêta meurent et ne parviennent plus à produire l’insuline [4].
Autre défi : faire en sorte que les cellules bêta survivent et fonctionnent à long terme sans immunosuppresseurs [4, 5]. Pour trouver une solution à ces problématiques, les scientifiques expérimentent différents matériaux et tailles de capsules [4, 7].
L'efficacité de la technologie d’encapsulation n’a pas encore été démontrée chez les personnes atteintes de diabète de type 1. Plusieurs essais cliniques sur la personne humaine sont en cours actuellement [4, 5, 6].
Recherche sur la régénération
La recherche sur la régénération vise à encourager l’organisme à produire de nouvelles cellules bêta et à remplacer les cellules détruites par le système immunitaire dans le cadre du diabète de type 1, ou à faire en sorte que les cellules bêta endommagées se régénèrent [1, 5, 8].
La recherche sur la régénération est étroitement liée à la recherche sur les cellules souches en ce sens que les cellules souches peuvent être utilisées pour créer des cellules bêta en laboratoire, permettant ainsi aux scientifiques de mieux comprendre comment les cellules bêta se différencient et se développent naturellement dans l’organisme [8].
Si les scientifiques parviennent à mieux comprendre pourquoi et comment le corps humain crée les cellules bêta, ils pourront alors tenter de trouver des déclencheurs qui favorisent ce processus dans le diabète de type 1 [1, 8]. Des études sur l’animal ont notamment mis en évidence diverses substances naturelles (telles que des hormones et des nutriments) qui ont aidé les cellules bêta à régénérer leur masse et à se multiplier [2, 4, 5].
Cependant, le plus grand enjeu consiste à traduire ces résultats prometteurs dans des Études chez l’humain [2, 5]. Actuellement, malgré leurs tentatives, les chercheurs n’ont pas réussi à transposer les résultats observés chez l’animal à l’homme [2, 5]. La recherche en est encore à ses débuts et il reste beaucoup à apprendre et à découvrir [8].
Immunothérapie
Un autre moyen possible de lutter contre le diabète de type 1 est l’immunothérapie, une technique qui « reprogramme » le système immunitaire afin qu’il ne détruise plus les cellules bêta [4]. Les scientifiques expérimentent actuellement plusieurs voies immunitaires, avec des résultats variés [3, 4, 5].
L'une des voies de recherche les plus récentes dans le domaine de l'immunothérapie consiste à utiliser les lymphocytes T régulateurs ou « Tregs » [4]. Les Tregs sont des cellules immunitaires connues pour modifier la fonction d’autres cellules immunitaires [4]. Dans certaines études précliniques, ces cellules ont amélioré les greffes d’îlots de Langerhans et permis aux îlots de survivre plus longtemps (sans immunosuppresseurs) [4]. En outre, il a été démontré que le traitement par Tregs aide les enfants atteints d’un diabète de type 1 à maintenir leur dose d’insuline à des niveaux stables et à contrôler l’inflammation sur une période de deux ans [4].
De nombreuses stratégies d’immunothérapie ont été proposées et testées dans le cadre d’essais cliniques pour le traitement du diabète de type 1, avec un succès limité [4]. Bien que certains essais cliniques aient donné des résultats positifs, ces derniers se sont avérés limités et de courte durée [4].
Des études sont actuellement en cours pour développer la nouvelle génération d’immunothérapies axées sur le diabète [4].
Nanotechnologie
Une autre approche nouvelle de l’immunothérapie fait appel aux nanotechnologies. Cette approche consiste à administrer des nanoparticules enrobées de peptides pancréatiques à des patients atteints d’un diabète de type 1 [4]. Lorsque le système immunitaire est exposé à ces nanoparticules, il déclenche une réaction en chaîne qui aboutit à la génération de cellules qui stoppent la réponse auto-immune destructrice [4].
Il s’agit d’une approche très intéressante car elle permet aux chercheurs de cibler sélectivement certains aspects du système immunitaire tout en gardant le reste intact [4]. Cependant, la recherche est toujours en cours et les résultats prometteurs des études sur l’animal doivent encore être reproduits chez l’homme [4].

Sommes-nous proches d’un remède pour le diabète de type 1 ?
Alors, sommes-nous proches d’un remède pour le diabète de type 1 ? En fait, tout dépend de ce que l’on entend par « proches ».
Les recherches existantes nous ont montré qu’un remède était à l’horizon [2, 3, 6]. Cependant, cela fait plusieurs décennies que nous sommes proches [2], et prédire exactement quand ces traitements seront disponibles est peut-être la partie la plus difficile [5].
Comme le conclut Jay S. Skyler, auteur de la revue Hope vs hype: where are we in type 1 diabetes?, « la vision la plus optimiste laisse entendre que toutes les orientations scientifiques évoquées [ci-dessus] porteront leurs fruits. La plus grande difficulté est de prédire quand » [5].
Bien qu’il ne soit probablement pas possible de guérir le diabète de type 1 dans l’immédiat [2, 5], les scientifiques progressent constamment dans ce sens. Certaines des avancées scientifiques présentées dans cet article montrent un potentiel encourageant [3].
Toutefois, bon nombre de mises en garde et de risques subsistent. Par exemple, de nombreux résultats prometteurs obtenus dans le cadre d’études sur l’animal n’ont pas encore été reproduits chez l’homme, et seules quelques personnes atteintes d’un diabète de type 1 et participant à des essais cliniques sont parvenues pour le moment à devenir totalement indépendantes de l’insuline, sans l’aide d’immunosuppresseurs [3, 5].
Il convient toutefois de rappeler qu’à ce stade de l’histoire, nous n’avons jamais été aussi proches d’un traitement curatif pour guérir le diabète de type 1 [9]. En attendant, consultez votre médecin pour qu'il vous aide au mieux à gérer votre diabète.
Sources
- JDRF, Cure research for type 1 diabetes. Consulté le 24/03/2023. Disponible à l’adresse :https://jdrf.org.uk/our-research/about-our-research/cure-research/
- DiMeglio LA, Evans-Molina C, Oram RA. Type 1 diabetes. Lancet. 2018;391(10138):2449-2462. doi:10.1016/S0140-6736(18)31320-5, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6661119/
- Chen S, Du K, Zou C. Current progress in stem cell therapy for type 1 diabetes mellitus. Stem Cell Res Ther. 2020;11(1):275. Published 2020 Jul 8. doi:10.1186/s13287-020-01793-6, https://stemcellres.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13287-020-01793-6
- Pathak V, Pathak NM, O’Neill CL, Guduric-Fuchs J, Medina RJ. Therapies for Type 1 Diabetes: Current Scenario and Future Perspectives. Clin Med Insights Endocrinol Diabetes. 2019;12:1179551419844521. Published 2019 May 3. doi:10.1177/1179551419844521, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6501476/
- Skyler JS. Hope vs hype: where are we in type 1 diabetes?. Diabetologia. 2018;61(3):509-516. doi:10.1007/s00125-017-4530-x, https://link.springer.com/article/10.1007/s00125-017-4530-x
- Vertex Investors, Vertex Presents New Data from VX-880 Phase 1/2 Clinical Trial at the American Diabetes Association 82nd Scientific Sessions, Accessed 22/03/2023. Disponible à l’adresse : https://investors.vrtx.com/news-releases/news-release-details/vertex-presents-new-data-vx-880-phase-12-clinical-trial-american
- JDRF, Encapsulation. Consulté le 24/03/2023. Disponible à l’adresse : https://jdrf.org.uk/our-research/about-our-research/cure-research/encapsulation/
- jDRF, Regeneration. Consulté le 24/03/2023. Disponible à l’adresse : https://jdrf.org.uk/our-research/about-our-research/cure-research/regeneration/
- JDRF, Is There a Cure for Type 1 Diabetes? Consulté le 24/03/2023. Disponible à l’adresse : https://www.jdrf.org/blog/2023/02/24/is-there-a-cure-for-type-1-diabetes/